Entretien avec Christophe DABESCAT, ancien handi athlète


Christophe Dabescat ancien handi athlète

01/03/2024


Chers lecteurs, vous n’êtes pas sans savoir qu’en 2024 Paris accueille les jeux olympiques et paralympiques. Dans ce cadre-là. J’ai décidé d’interviewer un sportif de haut niveau en situation de handicap. Merci à Christophe DABESCAT, ancien haltérophilie de s’être prêté au jeu de mon interview celui-ci comme vous le constaterez à plus d’une corde à ses roulettes !. Voici donc chers lecteurs la retranscription de notre entretien

Interview de Christophe DABESCAT.

Le portrait de Christophe :

 

Elsa : bonjour Christophe, pouvez-vous s’il vous plaît, pour nos lecteurs, me présenter un petit portrait de vous ?(Votre âge, votre sport, ce que vous faites dans la vie, etc.).

Christophe : je m’appelle Christophe DABESCAT, je suis IMC , j’ai 54 ans. Je suis né à Tarbes, nous sommes montés en Lorraine suite à la mutation de ma mère, qui était institutrice. Elle militait pour l’inclusion des personnes en situation de handicap, elle m’a ensuite passé le flambeau. Je suis membre de la commission permanente du CCAS de Laxou . Je suis trésorier bénévole du club de basket « valides » de Laxou. À 36 ans, j’ai repris un Master d’histoire, mais je n’ai pas validé ma 2e année. Récemment, j’ai passé un diplôme pour être Testeur d’accessibilité pour le label : « TOURISME ET HANDICAP ».

Elsa : quand avez-vous passé votre diplôme pour devenir testeur d’accessibilité pour le label : « TOURISME ET HANDICAP » ?

Christophe : en juin 2023.

Elsa : qu’est-ce qui vous définit dans la vie ?

Christophe : j’ai été le premier handicapé moteur de naissance, à être scolarisé en milieu ordinaire, dans la Meuse en 1974. Donc, je fais de l’inclusion 30 ans, avant tout le monde.

Elsa : votre sport, c’est l’haltérophilie c’est bien ça ?

Christophe : oui, mais je fais un peu aussi d’éclectisme fauteuil, mais ça c’était juste pour me marrer ! J’ai même fait quelques apparitions dans des courses de « valides ». Car il voulait « un handicapé » et comme je connaissais les organisateurs… c’est moi qui m’y collais. Sinon, je suis historien du handicap et j’ai vécu entre la France et l’Allemagne pendant 7 ans..

Elsa : vous travaillez toujours, ou vous êtes retraités ?

Christophe : je suis sportif retraité, mais toujours historien du handicap. J’interviens souvent dans des conférences.

Elsa : bénévolement ou bien payé ?

Christophe : cela dépend, parfois comme bénévole, parfois mes interventions sont défrayées mais aussi quelquefois payées... sinon, je connais bien les lois, car je suis investi en politique, je suis membre du bureau du MODEM 54, en tant que chargé du handicap et des solidarités.

Elsa : donc, vous êtes membres du MODEM 54, en charge du handicap, donc d’accessibilité mais pas seulement, je suppose.

Christophe : oui voilà, c’est cela. J’ai aussi participé activement à faire changer la loi pour la déconjugalisation de l’AAH .

 

Son parcours sportif :

 

Elsa : pouvez-vous expliquer l’haltérophilie Handisports aux lecteurs ?

Christophe : alors oui. Tu te mets sur une table un peu plus large que pour les « valides » les jambes attachées à fin d’éviter de te faire mal au dos.

Elsa : donc vous, du fait de votre handicap vous aviez besoin d’avoir les jambes attachées ?

Christophe : oui, voilà c’est ça. Donc tu soulèves une première fois la barre d’haltère, puis tu la ramènes, tu soulèves une seconde fois, et tu attends que l’arbitre te dise de la reposer. La barre d’haltère est posée sur ce que l’on appelle des « taquets », lorsque tu as une première fois.

Elsa : donc il y a 2 mouvements, 2 levés ?

Christophe : Oui voilà, c’est cela.

Elsa : et donc vous avez pratiqué ce sport en compétition ?

Christophe : oui, de 88 environ à 2017, soit environ 30 ans, avec une longue pause de 5 à 6 ans, suite à une blessure.

Elsa : je suppose , qu’il existe plusieurs catégories ?

Christophe : oui, c’est par rapport au poids. Un peu comme au judo.

Elsa : Vous étiez dans quelle catégorie ?

Christophe : j’ai commencé dans la catégorie des 60 kg et j’ai terminé ma carrière sportive dans la catégorie des moins de 75 kg.

Elsa : quel est votre palmarès ?

Christophe j’ai gagné  la coupe de France  par  équipes   deux  fois vice-champion de France individuels  1995 et 2005, j’ai failli aller à l’international une fois, mais je suis blessé durant la sélection en soulevant la 3e barre. J’ai fait pas mal de podium environ une dizaine, je ne sais plus exactement.

Elsa : quand vous dîtes que vous avez fait pas mal de podium c’est que vous avez terminé au moins 3e ?

Christophe : oui, c’est cela.

Elsa : est-ce catégorisé par type de handicap ?

Christophe : à l’époque oui, mais plus maintenant.

Elsa : avant, comment cela était-il catégorisé par rapport au handicap ?

Christophe : avant, c’était catégorisé au Flexums. maintenant, c’est à l’arbitre de juger de lui dire Flexum du bras droit, du bras gauche ou double flexums, pour les 2 bras.

Elsa : depuis votre retraite sportive, vous êtes toujours dans le sport ?

Christophe : oui, lors de ma dernière année de compétition en 2017 j’ai passé l’examen pour devenir arbitre d’haltérophilie. Je trouve d’ailleurs les arbitres Handisports plus sévère que les arbitres « valides ». Les arbitrages sont mixtes, vous pouvez être arbitrés par un arbitre handicapé ou bien par un arbitre « valide ».

Elsa : faut-il avoir pratiqué l’haltérophilie, pour pouvoir arbitrer une compétition ?

Christophe : non pas forcément, il faut juste avoir validé l’examen.

Elsa : en quoi consiste l’examen d’arbitre ?

Christophe : c’est un écrit, il faut connaître le règlement de sa discipline, en l’occurrence l’haltérophilie par cœur. Le règlement comporte environ 60 pages.

Elsa : donc il faut connaître par cœur le règlement de la fédération d’haltérophilie. Y a-t-il un règlement spécifique pour l’haltérophilie Handisports ?

Christophe : oui, il y a des spécificités, le règlement est composé de 60 pages environ.

Elsa : Depuis combien de temps, arbitrez – vous ?

Christophe : j’ai arrêté la compétition en 2017, j’ai passé mon diplôme d’arbitre d’haltérophilie en juin 2017. Je suis aussi membre du comité Handisports Grand Est. Avant le diplôme d’arbitre, j’ai arbitré quelques compétitions amicales ou en Régionale.

Elsa : donc, vous avez voulu garder un pied dans le monde de l’haltérophilie. ?

Christophe : oui c’est cela. Du coup, lorsque j’ai arrêté la compétition, j’ai passé mon diplôme d’arbitre. J’aime beaucoup l’arbitrage.

Elsa : donc, vous arbitrez des compétitions d’haltérophilie depuis environ 6 ans. Arbitrez – vous encore aujourd’hui ?

Christophe : oui, j’arbitre encore aujourd’hui au niveau régional mais aussi au niveau national.

Elsa : comment avez-vous découvert ce sport ?

Christophe : j’ai découvert ce sport en 3e, en 1986 à mon arrivée à l’EREA de Flavigny sur Moselle. Grâce aux profs de sport : Dominique COLLET et Dominique LAVIS, tous deux professeurs de sport adapté au sein l’établissements. Nous sommes restés amis. C’est d’ailleurs pour sport adapté, que je suis rentré à l’EREA de Flavigny, s’il n’y avait pas eu cette possibilité de sport adapté, je serais resté en milieu « ordinaire ». Les professeurs de de collège « ordinaire » m’avaient parlé de l’haltérophilie Handisports.

Elsa : dès le début avez-vous été attiré par la compétition ?

Christophe : oui ! Et puis en plus je n’étais pas trop mauvais.

Elsa : combien de temps avez-vous pratiqué l’haltérophilie en compétition ?

Christophe : de 88 à 2017, avec quelques coupures.

Elsa : ces coupures étaient-elles dû à votre handicap ?

Christophe : oui, certaines mais pas toutes j’ai dû aussi m’arrêter pour des blessures sportives. Il imite y a eu quelques arrêts du fait de mon handicap , comme par exemple une opération de la hanche mais aussi des blessures sportives à l’épaule lors d’une compétition.

Elsa : que vous a apporté la pratique de l’haltérophilie ?

Christophe : tout. J’ai commencé ce sport car j’en ai marre des douleurs, je voulais me muscler le dos. Ce sport m’a apporté une bonne dose de confiance en moi, je n’avais presque plus peur de rien. Et je pus mesurer des « valides » durant les entraînements.

Elsa : et vous souleviez combien en termes de poids ?

Christophe : le plus que j’ai soulevé, c’est 110 kilos. En compétition, 100 kg.

Elsa : avez-vous pratiqué d’autres sports en tant qu’amateur professionnel ?

Christophe : oui, l’aviron et l’ergomètre. Pour l’ergomètre, il s’agit de l’aviron en salle/fixe. Pour ergomètre j’ai participé au championnat de France en 2017. J’ai pratiqué ces sports pendant plusieurs années, car ils sont complémentaires avec l’haltérophilie.

Elsa : les avez-vous pratiqués en tant qu’amateur ou professionnel ?

Christophe : l’ergomètre en compétition, l’aviron en amateur. J’ai été l’un des premiers handicapés lorrains à faire de l’aviron. Je suis entraîné avec le club de niveau. Il s’entraîne comme des fous.

Elsa : je pense que nous avons terminé, voyez-vous d’autres choses à rajouter ? Si

Christophe : non.

Elsa : en tout cas, je vous remercie d’avoir pris le temps de me rencontrer et de répondre à toutes mes questions.